Dans les villages de Shurob et Chorkuh, au nord du Tadjikistan, les cicatrices de la guerre civile et des tensions régionales sont encore visibles. Ces communautés vivent directement sur la frontière avec le Kirghizistan. En 2021, des affrontements armés ont éclaté dans la zone. Des familles ont fui. Des terres partagées entre voisins ont été contaminées par des restes explosifs de guerre.
Aujourd’hui, ces zones — utilisées pour la cueillette saisonnière, le pâturage et la collecte de bois — sont dangereuses. Les engins non explosés empêchent la reprise des activités et bloquent l’accès aux ressources essentielles. Depuis plusieurs mois, les démineur·euses de la FSD sont à l’œuvre dans la région, pour sécuriser ces terres et permettre aux communautés de reconstruire leurs vies.
APPRENDRE À SE PROTÉGER DES RESTES D’ENGINS EXPLOSIFS
À Shurob, plus de 2000 personnes ont été sensibilisées aux dangers des restes explosifs de guerre lors de séances menées par la FSD. Enfants, enseignant·es, soignant·es et habitant·es ont appris à reconnaître les engins explosifs et à adopter un comportement sécuritaire pour éviter les accidents, en attendant que la région soit totalement décontaminée.
La FSD a sensibilisé le personnel de l’hôpital de Shurob aux dangers des munitions abandonnées ou non explosées. (Avril 2025)

DES PÂTURAGES À NOUVEAU ACCESSIBLES
Plus de 80’000 mètres carrés de terres ont déjà été déminés par la FSD autour de Shurob. Un travail long et minutieux, essentiel pour que les familles puissent enfin reprendre la cueillette et faire paître leurs animaux sans se mettre en danger.

« Avant, nous faisions paître notre bétail ici, juste à côté des maisons, à 200 mètres à peine du champ contaminé. Une fois la zone déminée, nous pourrons revenir avec les animaux et accéder de nouveau au réservoir d’eau », explique Mustafo, habitant du village de Shurob.
DES INFRASTRUCTURES VITALES RÉHABILITÉES
L’hôpital de Shurob, comme d’autres infrastructures locales, n’a pas été épargné par le conflit. Les coupures d’électricité étaient fréquentes et l’accès à l’eau potable limité. Dans le cadre de ses activités dans la zone, la FSD y a installé des panneaux solaires et un réservoir d’eau, permettant une amélioration concrète des soins aux patient·es et des conditions de travail du personnel médical.
« Avec le retour de la paix dans la région, nous espérons accueillir des patients non seulement du Tadjikistan, mais aussi du Kirghizistan, comme c’était le cas avant le conflit », espère le directeur de l’hôpital.

UNE SERRE COMMUNAUTAIRE POUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
Dans le village de Chorkuh, la FSD a mis en place un espace agricole collectif. Géré par un groupe de femmes, ce lieu de culture permet de produire des légumes frais pour la consommation locale et pour la vente. Cette initiative soutient la sécurité alimentaire dans une région fragilisée par les effets du changement climatique, tout en renforçant l’autonomie économique des femmes impliquées.

Pour de nombreux·ses habitant·es, ce projet représente bien plus que des légumes frais: c’est un symbole de reprise, de dignité retrouvée et d’une communauté qui va de l’avant.
Alors que les habitant·es de Shurob et Chorkuh retrouvent peu à peu l’accès à leurs terres et un quotidien plus sûr, la FSD poursuit ses actions dans la région. Malgré les défis, le Tadjikistan s’est fixé un cap clair: éliminer toutes les mines et restes explosifs de guerre d’ici 2032.
Active dans le pays depuis 22 ans, la FSD continuera de travailler aux côtés des autorités locales pour atteindre cet objectif et contribuer, village après village, à bâtir un avenir plus sûr et plus serein pour les générations à venir.
Ce projet est soutenu par le Département du Développement international du Royaume-Uni.