En mars 2022, suite à l’intensification du conflit en Ukraine, la FSD a arrêté ses activités de lutte antimines et est venue en aide aux civil·es Ukrainien·nes qui fuyaient les combats.
7-13 mars
La FSD a soutenu les bénévoles qui transportaient les femmes et les enfants vers la frontière polonaise à l’aide d’une flotte de vans/mini-bus en prenant en charge les frais de carburant des véhicules. Les Ukrainien·nes qui cherchaient à fuir les combats n’avaient pour la plupart pas les moyens d’acheter des billets de bus ou de train. Au total, 74 femmes et 95 enfants ont été transporté en toute sécurité entre le 12 et 13 mars 2022.
Le panneau rouge situé en-dessous du pare-brise signifie « enfants » et est utilisé pour signaler que le convoi n’est pas militaire.
Un soutien a également été apporté à la maternité de Kramatorsk (Крамато́рськ) à travers la fourniture de couches, savon, détergent, papier toilette et de médicaments pour les nouveau-nés et leurs mères. L’hôpital opère dans des conditions extrêmes. Ses fenêtres doivent être protégées par des sacs de sable et son sous-sol a été transformé pour pouvoir assurer les interventions d’urgence, car les nouveau-nés n’attendent pas la fin des sirènes.
Afin de fournir une aide efficace et immédiate, les employé·es de la FSD s’occupent d’identifier les différentes nécessités sur le terrain et se chargent de coordonner les actions menées.
Notre équipe a aidé à aménager un abri anti-bombe pour les citoyen·nes non loin d’un jardin d’enfants local à Kramatorsk. De l’eau, des serviettes de cuisine, des tasses et des assiettes en plastique ainsi que des seaux ont été fournis.
14-20 mars
Alors que dans de nombreux pays européens, c’est le début du printemps, l’hiver se prolonge en Ukraine avec des vents violents et des températures inférieures à zéro. Yulia Katelik, membre de la FSD, continue d’aider les civil·es à équiper les sous-sols dans les zones très peuplées. Elle a pu trouver un endroit où acheter 20 couvertures, qu’elle et son équipe ont apporté au refuge.
« Je vais probablement rester à la maison aujourd’hui », nous a dit Yulia lors d’un appel d’équipe, « Un des bâtiments du quartier où je vis a été pris pour cible. Six personnes ont été tuées et 30 ont été blessées. Donc, je vais probablement rester à la maison aujourd’hui. Mais demain, si les combats s’éloignent, j’irai au marché local pour acheter des câbles électriques. Dans cet abri, près d’une école maternelle, l’un des membres de l’équipe de la FSD (un ancien électricien) installera des lampes de travail. C’est tellement effrayant pour les enfants d’être assis dans un abri froid sans lumière ».
Les écoles locales de l’est du pays ont à leur tour été transformées en centres pour personnes déplacées. Les lits/matelas sont à même le sol du gymnase. La cantine de l’école est utilisée pour préparer de la nourriture pour les PDI (personnes déplacées internes). Les civil·es viennent ici dans l’espoir de trouver un abri pour une nuit ou plus avant de se diriger vers l’Ouest.
La FSD a acheté et livré 114 kg d’oignons et 330 kg de pommes de terre, ainsi que de l’huile, du thé, des pâtes, du poisson en conserve et d’autres aliments afin que les cantines puissent fournir des repas chauds.
Avant la guerre, la principale source de matériel médical et de médicaments pour la région de Sloviansk et de Kramatorsk était Kharkiv. Comme cette ville subit des attaques depuis le premier jour de la guerre, l’approvisionnement en médicaments a été considérablement réduit.
De Dnipro, les approvisionnements médicaux pour les personnes handicapées, les personnes âgées souffrant de problèmes cardiaques, de tension artérielle, de maladies de la thyroïde et autres sont livrées à Sloviansk, où notre personnel les distribue. Pour l’instant, la route de Dnipro reste le seul moyen d’acheminer en voiture les provisions importantes aux citoyen·nes.
Pour certaines tranches de la population, notamment les personnes âgées, la prise de médicaments est une nécessité quotidienne.
Les hostilités se poursuivant, de plus en plus de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays. Le personnel de la FSD apporte également son aide à Svyatogorsk, région qui avant la guerre, était une destination touristique synonyme de vacances et de loisirs. On y trouve de nombreux parcs de loisirs agrémentés de maisons de campagne, au milieu des forêts. L’une de ces destinations a été attribuée aux personnes déplacées d’Izium.
« Ma maison a été complètement détruite », a déclaré Tetiana, qui vient d’Izium. « Je n’avais que les vêtements sur mon dos. Je n’avais même pas de sous-vêtements pour me changer ».
La station actuellement occupée par les personnes déplacées n’a pas été pensée pour être habitée en hiver, mais conçue pour les vacances d’été. Ses habitant·es font donc la cuisine au feu de bois et en ramassent dans la forêt locale. La disponibilité de la nourriture reste très limitée dans les magasins locaux.
Dans un sous-sol réaménagé qui était utilisé comme studio d’enregistrement sonore, les enfants de Sloviansk ont pu trouver un abri. Comme la FSD déploie souvent ses équipes dans des endroits reculés, elle a pu fournir du matériel à partir de sa propre réserve. Huit lits de camp, des oreillers, des couvertures et deux chauffages ont été donnés pour aménager le refuge depuis ce studio d’enregistrement.
21-27 mars
Natalia raconte son histoire à un membre de la FSD. « Nous sommes de Sievierodonetsk (Сєвєродоне́цьк). Nous avons été forcés de quitter notre ville lorsque la guerre a éclaté le 24 février. La ville entière s’est retrouvée sous les bombardements. Pendant deux semaines, nous nous sommes cachés dans un abris anti-bombes, car notre quartier était pris pour cible. Toutes les fenêtres étaient cassées, et même l’école a été attaquée. Pas de gaz, pas d’électricité, aucun moyen de sortir. Heureusement, nous avons été évacués. La guerre est cruelle et je suis maintenant ici avec mes garçons. J’avais un bon travail et une maison, mais nous avons dû fuir, car il devenait impossible de vivre ici. »
Le centre des PDI où nous avons rencontré Natalia et d’autres personnes se trouve dans les locaux d’une église. Certaines personnes déplacées sont de Popasna (Попасна), où la FSD menait jusqu’en décembre 2021 son projet de lutte antimines. Trois mois plus tard, nos démineurs Alexei et Igor aident les mêmes personnes en leur fournissant des denrées alimentaires (sacs de céréales, riz et autres vivres). Les déplacé·es présent·es dans l’église sont reconnaissant·es d’avoir un abri et de quoi manger, même les enfants, habituellement plus difficiles, ne se plaignent pas de la nourriture.
Aujourd’hui pour le déjeuner bortsch et blé noir, un plat traditionnel ukrainien. Ce bortsch est traditionnellement fait à partir de bouillon de bœuf, avec des carottes, oignons, pommes de terre et de la sauce tomate. Le bortsch fourni ici est végétarien, la viande étant devenue une denrée rare.
Sloviansk et Kramatorsk sont les seules villes de l’oblast (région) où l’on peut encore prendre un train pour évacuer. Les autres gares sont soit partiellement détruites soit la cible d’attaques constantes. A l’approche d’un train, lors des annonces dans les gares, le même message passe en boucle: « Si la situation est stable, le train desservira Kramatorsk ». Il n’y a aucune garantie qu’un train viendra récupérer les personnes qui l’attendent. Si la situation est incertaine, les trains s’arrêtent à une autre station, 200 kilomètres plus loin.
Les volontaires de la FSD aident les personnes qui le souhaitent à fuir en les amenant directement à la gare. Lorsque ces personnes arrivent tard le soir, elles doivent passer la nuit dans la gare. Les conditions sont difficiles, les enfants dorment sur des lits « faits maison », les couches des plus jeunes sont changées à même le sol, dans l’abri.
Les équipes de la FSD apportent des verres en plastique, du thé, des gâteaux et de la nourriture pour enfants à la gare pour satisfaire les besoins les plus urgents des personnes sur place.
La région de Mukachevo (Мукачево), située près de la frontière hongroise et slovaque et anciennement populaire pour le ski, les célébrations nationales et les traditions anciennes, est depuis le conflit un lieu de refuge pour les personnes déplacées venues de toute l’Ukraine. Au cours des dernières semaines, la population a massivement augmenté. Il y a trois fois plus de personnes déplacées que de personnes locales. Certaines personnes se dirigent vers l’ouest, mais la majorité reste en ville. La plupart doivent rester dans les centres pour personnes déplacées, d’autres sont hébergés par la population locale.
Sur place, la routine quotidienne de centaines de personnes déplacées commence par la queue pour l’aide humanitaire dans les centres de coordination des personnes déplacées. Le centre de Mukachevo est l’un des nombreux centres qui reçoit l’aide de la FSD sous forme de nourriture, de thé et de produits d’hygiène.