De vieux stocks de pesticides infiltrés dans les sols et cours d’eau menacent la santé des Tadjiks. La FSD a bien avancé dans l’évacuation des terres polluées du village d’Oykamar, un des plus contaminés. Une campagne de sensibilisation a également été menée auprès de ses habitants afin de minimiser l’impact sur leur santé. La FSD entame aujourd’hui l’assainissement d’autres localités et, en parallèle, joint ses efforts à ceux des Nations unies pour élaborer une technologie permettant de traiter les sols contaminés.
La première étape a été de relocaliser quatre familles qui vivaient littéralement sur un ancien site de stockage, dans un village où étaient enterrées 2000 tonnes de pesticides. Cette mesure urgente accomplie, la FSD a pu entreprendre un long travail d’excavation des terres dans une autre localité particulièrement contaminée : Oykamar. Ce village tadjik est en effet un ancien centre de distribution de pesticides dont le plus connu est le DDT, utilisé depuis les années 1950 comme insecticide dans l’agriculture. Le DDT a été largement utilisé dans l’industrie du coton, qui était pratiquée de manière extensive dans les anciens États soviétiques. Son utilisation a toutefois été interdite par de nombreux pays dès les années 1970, en raison de sa nocivité pour la santé humaine et pour l’environnement.
« Ces traces de pesticides sont visibles à l’œil nu, raconte Salmanjoon, une habitante d’Oykamar. Quand il pleut ou qu’il neige, le sol vire au jaune dans les zones contaminées et l’odeur est insupportable. » En l’absence de technologie permettant de véritablement éliminer les pesticides, la seule solution, pour l’heure, est d’excaver les sols contaminés et de les déplacer vers un lieu sécurisé, à distance de toute habitation. L’équipe de la FSD a ainsi transporté plus de 500 tonnes de terres vers Vakhsh, un site de stockage isolé que la FSD a participé à réhabiliter. Des camions de terre propre sont ensuite retournés au village d’Oykamar afin de combler les sols excavés.
L’équipe de la FSD va poursuivre la décontamination d’Oykamar et répéter la même procédure dans d’autre localités contaminées, incluant Khujand et Kanibadam. Ce travail est effectué en étroite collaboration avec le Comité tadjik pour la protection de l’environnement.
L’impact délétère des pesticides organiques persistants (POPs) sur la santé humaine a été établi par l’Organisation mondiale de la santé : risque de cancer accru, troubles reproductifs, altération du système immunitaire et hormonal, et augmentation des anomalies congénitales notamment. Il resterait aujourd’hui au moins 20’000 tonnes de ces POPs à travers le Tadjikistan. En attendant de pouvoir traiter toutes les zones affectées, la FSD conduit des séances de sensibilisation auprès des communautés concernées. Quelques mesures simples comme le lavage des fruits et légumes peuvent en effet réduire la quantité de pesticides ingérée. Certaines cultures sont en outre à privilégier, car elles absorbent moins de substances chimiques du sol et de l’eau. Le Comité tadjik pour la protection de l’environnement et la FSD ont publié conjointement un journal visant à informer au mieux les populations concernées.
La FSD place en outre beaucoup d’espoir dans la perspective d’une technologie de destruction thermique qui résoudrait le problème pour de bon. L’organisation collabore à cet effet avec le Programme des Nations unies pour l’environnement. L’objectif est de monter un projet pilote au Tadjikistan et au Kirghizistan pour y tester un réacteur d’oxydation à eau supercritique. Ceci permettrait de traiter à très haute température et pression les sols contaminés, sans libération de dioxine ou d’autres effluents toxiques dans l’atmosphère.