Chaque année, des milliers de civil·es perdent la vie ou sont mutilé·es lors d’explosions provenant d’armes et munitions variées: bombes, roquettes, mines, etc. En cause dans près de la moitié des cas en 2020: des engins explosifs «improvisés», c’est-à-dire bricolés au moyen d’objets et produits de la vie courante. Parmi ces «armes du pauvres», comme on les surnomme parfois, figurent les mines artisanales, essentiellement produites par des groupes armés non-étatiques. La FSD en a neutralisé 1452 au cours de l’année écoulée.
Robots-soldats, drones armés, cyberattaques: les nouvelles technologies changent la face de la guerre. Pourtant, les armes explosives qui font le plus de victimes civiles aujourd’hui sont les armes non-commerciales, «faites maison». On les appelle «engins explosifs improvisés». Leur fabrication va du plus simple au plus sophistiqué, selon les compétences de leur constructeur et les matériaux disponibles. Certaines bombes de fabrication complexe peuvent par exemple être déclenchées à distance au moyen d’un téléphone portable.
Selon les chiffres recensés par l’AOAV, les engins explosifs improvisés («EEI», ou en anglais «IED») ont été utilisés par 19 groupes armés dans 36 pays en 2020. L’Afghanistan et l’Irak se trouvent parmi les plus touchés. Les EEI sont de nature variée, reflétant la diversité des armes «traditionnelles» : lances-roquettes, mortiers, bombes… la plupart des engins explosifs ont leur version «faite maison». Les mines antipersonnel et antivéhicule n’y échappent pas: on parle alors de «mines artisanales».
Une mine est un engin explosif déclenché par la présence d’une personne ou d’un véhicule. Certaines sont conçues pour exploser lorsque l’on marche dessus, d’autres lorsque l’on trébuche sur un câble ou que l’on ouvre un tiroir. Du fait qu’elles explosent automatiquement quelle que soit la personne présente, et donc qu’elles tuent indistinctement les civil·es comme les combattant·es, les mines sont interdites par le droit international humanitaire. Ceci s’applique aussi bien aux mines classiques qu’aux mines artisanales.
Une mine est composée de cinq éléments: une charge explosive, un détonateur, un système de déclenchement, une source d’énergie et un conteneur. En Irak, le groupe Etat islamique a fabriqué des centaines de milliers de mines artisanales en recourant à des explosifs issus d’engrais ou d’autres produits domestiques, à de simples piles de 9 volts comme source d’énergie, et des jerrycans ou boîtes en plastique en guise de conteneur. La plupart de ces mines artisanales ont été enterrées partiellement ou dissimulées dans la végétation afin de ne pas être repérées. Dans les bâtiments, certaines mines artisanales ont été conçues pour être activées lors de l’ouverture d’une porte, ou lorsqu’un objet, par exemple une poupée, était soulevé.
Pour un·e démineur·euse, les EEI posent un défi particulier: construits en dehors des normes industrielles, ils peuvent prendre une variété infinie de formes, de tailles, et de systèmes d’activation. Lorsque les démineur·euses sont face à un EEI enterré ou caché, ils·elles doivent savoir comment il fonctionne pour l’appréhender et l’excaver en toute sécurité. De surcroît, les explosifs artisanaux peuvent être plus sensibles à la friction, à la chaleur et au mouvement, et être moins durables que les explosifs militaires, donc encore plus dangereux. Enfin, certains EEI comportent deux voire trois déclencheurs. Ceux-ci visent spécifiquement le·la démineur·euse qui retirerait l’objet en pensant l’avoir désactivé, activant par cette action le deuxième déclencheur. C’est pourquoi les EEI, même après neutralisation, sont toujours déplacés depuis une distance de sécurité de 100 mètres au moins, au moyen de câbles.
La FSD concentre ses activités en Irak sur la neutralisation et l’élimination de ces mines artisanales. À ce jour, nos démineur·euses en ont détruit près de 15’000.