Située entre Kiev et la frontière biélorusse, la province de Tchernihiv a été ciblée dès les premiers jours du conflit et a subi des bombardements massifs durant tout le mois de mars 2022. Les hostilités ont désormais cessé mais une grande partie de la province est détruite et contaminée par des restes d’engins explosifs. Alors que les habitant·es rentrent chez eux·elles, il est urgent de sécuriser les lieux afin d’éviter de tragiques explosions accidentelles.
Étant donné la magnitude et la spécificité des besoins en déminage, la FSD a augmenté drastiquement ses effectifs et adapté sa stratégie. « Pour maximiser l’efficacité et la rapidité de notre action, nous allons déployer sept petites équipes mobiles d’urgence, qui sillonneront la province de Tchernihiv dès le mois d’août » explique Alex van Roy, chef adjoint des opérations pour la FSD.
Le personnel est actuellement en cours de recrutement au sein de la population locale. « Les candidat·es n’ont pas besoin d’avoir une expérience passée en déminage; il suffit d’être fiable, rigoureux, et en bonne santé physique et mentale. » Les recrues commenceront leur formation en déminage dès lundi 11 juillet. L’enseignement sera assuré par sept experts internationaux de la FSD, qui superviseront chacun une équipe mobile une fois la formation terminée.
Afin de renforcer l’expertise technique du personnel déjà en place, trois collaboratrices de la FSD ont bénéficié ce printemps d’une formation approfondie d’un mois, dispensée par le centre de MAT Kosovo. Parmi elles, Anastasiia Yehorova, 25 ans, anciennement chef d’équipe dans le Donbass au sein de notre programme de soutien à l’éducation en zone de conflit, suspendu depuis février dernier. « Énormément de terres agricoles sont aujourd’hui contaminées par les engins explosifs, mais c’est aussi le cas de nombreuses grandes villes et autres localités » rapporte la jeune femme, qui assistera désormais la coordination des opérations de déminage dans la province de Tchernihiv.
Quatre équipes d’enquête ont également été constituées, afin de délimiter avec autant de précision que possible la localisation et l’étendue des zones dangereuses. « Ces interventions d’urgence ne constituent qu’une première étape dans la sécurisation du pays, précise Anthony Connell, responsable du programme de la FSD en Ukraine. Il faudra dans un deuxième temps s’atteler au déminage systématique des ex-champs de bataille et des zones agricoles contaminées, ce qui prendra plusieurs années. »
D’ici là, les habitant·es n’ont d’autre choix que d’apprendre à cohabiter avec les mines et munitions non explosées ou abandonnées. Trois équipes de sensibilisation de la FSD parcourent déjà les villages de la province de Tchernihiv et montrent aux femmes, hommes et enfants des photos des engins explosifs présents dans la région afin qu’ils puissent les repérer et éviter de se mettre en danger.
« Nous tentons de sensibiliser un maximum de personnes chaque jour mais devons faire faire à un défi que nous n’avions pas anticipé, pointe Anthony Connell. Les gens sont réticents à prendre part à des rassemblements, de crainte d’être visés par des tirs ou de frappes de missiles. Nous tenons donc des sessions de sensibilisation par groupes restraints, de trois ou quatre personnes. »
La situation à Tchernihiv reste en effet tendue – des sirènes d’alarmes anti-bombardement retentissent quasi-quotidiennement. Mais le déminage ne peut attendre: selon le dernier rapport des Nations unies, la moitié des déplacés sont aujourd’hui rentrés chez eux et tentent de reprendre le cours de leur vie, au milieu des décombres et des dangereux vestiges de guerre.