Hnfna a tout juste 18 ans et vit dans les montagnes escarpées et isolées du Badakhshan, au nord de l’Afghanistan. Alors qu’elle n’était encore qu’une petite fille et ramassait du bois de chauffage dans la forêt, une explosion accidentelle l’a grièvement blessée. Hnfna ignorait alors qu’elle pénétrait sur un champ de mines, un danger omniprésent dans les environs de son village. La région est en effet jonchée de mines antipersonnel PMF-1, surnommées « mines papillon », larguées par milliers par des hélicoptères soviétiques lors des affrontements contre les moudjahidines dans les années 1980.
« Marcher est devenu une épreuve pour moi », explique Hnfna. « Je ne peux pas parcourir de longues distances ni travailler. » La jeune femme vit avec sa petite sœur et ses parents, qui ont fait de leur mieux pour subvenir à ses besoins jusqu’ici. Aujourd’hui, ils sont âgés et son père, malvoyant, ne peut plus travailler. Hnfna se retrouve ainsi seule à devoir assumer les responsabilités du foyer. Mais sans éducation ni perspective d’emploi, la tâche semble insurmontable, et sa famille est désormais tristement connue comme la plus pauvre du village.
Les PFM-1 ou « mines papillon » sont de petites mines antipersonnel si légères qu’elle peuvent se déplacer en aval dans les montagnes en cas de pluie. La menace peut donc se retrouver partout.
Actives dans la région depuis de nombreuses années, les équipes de déminage et de sensibilisation de la FSD ont été témoins de l’extrême précarité dans laquelle se trouvent les survivant·es d’accidents de mines et leurs familles. Les relations entretenues par nos équipes avec les autorités locales, même après l’arrivée des Talibans au pouvoir, ont permis à la FSD de mettre sur pied un programme d’assistance socio-économique pour ces familles.
Ces derniers mois, Hnfna et quatre autres rescapées d’accidents de mines ont ainsi pu bénéficier d’une formation de couture et du matériel nécessaire pour démarrer cette nouvelle activité, qu’elles peuvent exercer malgré leurs séquelles et limitations.
« Je suis reconnaissante d’apprendre la couture », explique Shaknambibi, 47 ans et mère de quatre enfants. « Je souhaite retrouver une place dans la société et être reconnue pour mes compétences plutôt que définie par mon handicap. »
L’impact de ce projet d’assistance est d’autant plus marqué dans ce contexte, où en plus des blessures et mutilations causées par les accidents, ces femmes doivent surmonter des obstacles majeurs liés aux normes sociales qui limitent leur accès aux services de soutien et à l’emploi.
Grâce au précieux soutien des donateurs et donatrices privé·es, la FSD est honorée de pouvoir donner une seconde chance à celles et ceux dont la vie a été bouleversée par ces funestes vestiges de guerre.