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« Je profites de mes sermons pour parler des munitions non explosées »

Joselito Remedios, 54 ans, est pasteur et sensibilisé aux risques liés aux engins explosifs. Depuis un an, il est membre de l’équipe de volontaires de la Fondation suisse de déminage (FSD) aux Philippines.

Haut placé dans la hiérarchie religieuse de l’ouest de Mindanao, il profite de ses visites aux différentes congrégations religieuses pour délivrer des messages de prévention: « J’ai reçu une formation complète de la FSD sur les différents engins explosifs présents dans la région et sur les méthodes les plus efficaces pour sensibiliser les communautés à ce danger ».

Le sud-ouest des Philippines est déchiré depuis des décennies par de violents combats entre divers groupes séparatistes et les forces gouvernementales. Un processus de paix est en cours, mais la région reste jonchée de mines terrestres et de munitions non explosées. En 2021, la FSD a enregistré 47 victimes d’explosions accidentelles. Vingt-deux d’entre elles ont succombé à leurs blessures, dont deux jeunes garçons. La présence de munitions non explosées ne se limite pas aux zones de combat : en raison des glissements de terrain et des inondations fréquents, on en trouve partout.

Les volontaires EORE (éducation au risque des explosifs) comme le pasteur Joselito Remedios n’hésitent pas à faire de longs trajets, parfois des heures de marche et de bateau, pour atteindre des villages reculés : ils savent que leur travail a déjà sauvé des vies. En décembre dernier, un homme a trouvé des objets insolites sur son terrain alors qu’il récoltait des bananes. « Grâce à la séance de sensibilisation à laquelle il avait assisté, il a immédiatement compris qu’il s’agissait de dangereux obus de mortier et a réagi de manière appropriée : il est resté à l’écart et a appelé l’équipe de neutralisation des explosifs, qui est venue neutraliser l’objet ».

Joselito Remedios n’a pas été recruté par la FSD par hasard : « Nous choisissons principalement des influenceurs, des personnes qui sont déjà actives auprès d’un large public et qui sont populaires auprès de la population », explique Namra Bagundang, responsable de l’unité de sensibilisation aux risques des mines de la FSD aux Philippines, et formatrice des volontaires. « Notre principal défi est de toucher un maximum de personnes, ainsi que d’ajuster la manière dont nous nous adressons aux gens en fonction du contexte, en tenant compte de leurs cultures et de leurs croyances, afin de les sensibiliser de manière efficace. Par exemple, nous nous sommes rendu compte que dans certaines communautés, il existe une croyance selon laquelle les personnes portant une amulette ne peuvent être blessées par des munitions ! À cet égard, le fait d’avoir des volontaires qui connaissent chaque contexte et qui disposent d’un large réseau nous aide énormément. La FSD compte plus de 100 volontaires, dont de nombreux enseignant·s, des employé·es d’organisations de la société civile, des travailleurs sociaux et des personnalités religieuses ».

Namra Bagundang se souvient des combats qui ont contraint sa famille à fuir leur village pendant quelques jours, lorsqu’elle avait six ans. « À l’époque, on était peu conscient du danger des munitions non explosées, et nous sommes rentrés chez nous sans savoir comment nous protéger ». Aujourd’hui, la FSD tente de sensibiliser toutes les personnes déplacées à ce problème avant qu’elles ne rentrent chez elles. Mère d’une petite fille de trois ans qui devra elle aussi apprendre à vivre avec ces dangereux vestiges de la guerre, Namra a pris l’initiative : « Je lui ai déjà montré des photos des engins explosifs auxquels elle pourrait être confrontée. Pour l’instant, elle peut surtout distinguer les couleurs ».